Microbiome : le nouveau dada des marques de santé et de cosmétiques ...
01 January 1970 01:00
Savez-vous quelle est la différence entre une personne dévorée par les moustiques et une autre que les insectes ignorent ? Eh bien notamment, leur microbiote cutané, qui émet des substances attirant les femelles moustiques dans le premier cas et pas dans le second ! Cette microflore présente sur notre peau suscite de plus en plus d’intérêt … et pas seulement chez les campeurs en mal d’antimoustique !
Etat des lieux et analyse pluri-média sur un sujet qui mobilise de nombreuses entreprises, notamment dans le secteur de la santé et des cosmétiques. Pourquoi des marques comme l’Oréal, Unilever ou encore Beiersdorf s’y intéressent ? Quels sont les enjeux, les innovations attendues dans notre quotidien ? Le microbiome est ultra-tendance et requiert toute votre attention :-)
Evolution du volume de recherches effectuées sur le microbiome
Source : Google Trends
D’abord, une petite définition …
D’après Wikipédia, le microbiome (du grec micro, « petit », et bios, « vie ») est l’aire de vie du microbiote, la communauté des microorganismes qui prédominent ou sont durablement adaptés à la surface et à l'intérieur d'un organisme vivant. En anglais, le terme microbiome fait également référence aux génomes (données génétiques) d'un microbiote.
Chaque microbiome est spécifique à un individu. Selon des chercheurs de l’université de Chicago, il sera peut-être un jour possible de confondre un criminel grâce au seul microbiome qu’il aura laissé sur une scène de crime.
Des enjeux importants
La meilleure compréhension du fonctionnement des microbiotes constitue aujourd’hui un enjeu de taille pour de nombreux secteurs, notamment les industries cosmétiques, pharmaceutiques, chimiques, phytosanitaires, etc.
Sociétés mentionnées à proximité de mots clefs relatifs au microbiome
Source : LexisNexis Newsdesk
Dans le domaine de la santé, des études montrent le lien entre microbiome et maladie chronique
L’influence du microbiome intestinal sur la pathogenèse du diabète de type 1 a par exemple été récemment mise en évidence. Cela permet d’envisager à plus ou moins long terme la mise au point de puissants outils de pronostic de maladie ou même de nouvelles thérapeutiques.
L’interaction entre le cerveau et le microbiome intestinal fait aussi l’objet de nombreuses recherches : à la clé peut être une solution préventive ou thérapeutique pour les patients souffrant de la maladie d’Alzheimer !
Bien sûr le chemin restant à parcourir avant de se soigner par le biais de son propre microbiome est TRES long. Notre intestin grouille de microbes dont les interactions (positives et négatives) sont innombrables. Pour les scientifiques, la tâche est énorme. Dans le cadre de l’American Gut Project, les chercheurs de l’école de médecine de l’université de San Diego ont ainsi collecté les échantillons de selles de quelques 10 000 participants !
Ophelia Venturelli, professeur de biochimie à l’université du Wisconsin explique par ailleurs : « De nombreuses études se sont efforcées de cataloguer tous les microbes présents, ce qui est très utile, mais nous voulons essayer de comprendre les règles gouvernant la formation de communautés, comment la stabilité est obtenue, comment le microbiote répond aux perturbations… ».
Les projets de recherche se multipliant il sera intéressant de suivre les publications d’études sortant sur le(s) microbiote(s)/microbiome(s).
Si la recherche sur le microbiote intestinal semble prometteuse pour les acteurs du domaine de la santé, le microbiote cutané suscite également beaucoup d’intérêt, notamment de la part des entreprises du secteur des cosmétiques.
Les grands groupes cosmétiques misent sur le microbiome
Courant juillet 2018, Beiersdorf (le fabricant des marques Nivea, Eucerin, La Prairie et Labello) a ainsi annoncé prendre une participation (dont le montant n’a pas été dévoilé) dans S-Biomedic, une société belge de biotechnologies dédiée au potentiel cosmétique et thérapeutique inexploité du microbiome cutané. « La recherche sur le microbiome est un des domaines les plus dynamiques, et nous devons le scruter en profondeur pour proposer des offres innovantes à nos consommateurs », expliquait alors le Dr. May Shana’a, vice-président de la R&D chez Beiersdorf.
Début 2018, Unilever faisait également une première incursion dans les produits ciblant le microbiome en prenant une participation dans Gallinée, une jeune marque de soins pour la peau construits autour de la protection du microbiome cutané.
Lors d’un congrès sur le microbiome cutané à Boston en mai, on apprenait enfin que L’Oréal travaille depuis sept ans sur le microbiome du cuir chevelu et les pellicules ! Le géant des cosmétiques indique travailler sur de nouveaux ingrédients utilisables dans des soins pour le cuir chevelu, un marché énorme au niveau mondial.
Microbiome et cosmétiques : entre science et marketing
Les lancements de produits intervenant sur le microbiome/préservant le microbiote se multiplient et la thématique est à l’ordre du jour de nombreux congrès rassemblant les industriels de la cosmétique.
Le CosmeticsDesign Summit qui se tiendra en juin 2019 sera entièrement consacré à l’innovation autour du microbiome cutané.
Invitée à In-cosmetics global en avril 2018, Maria Coronado Robles, consultante chez Euromonitor pointait que « Les probiotiques ont le potentiel d’ébranler les piliers de l’industrie de la beauté (…) les consommateurs semblent convaincus par l’idée d’utiliser des produits aidant la peau à renforcer ses propres défenses contre la vie urbaine et le vieillissement prématuré (…) Combiner des ingrédients d’origine végétale, des vitamines et des ingrédients aidant la peau à se défendre semble être la recette magique pour les produits portant des allégations de type ‘bon pour le microbiome' ».
Il semblerait cependant que le marketing prenne parfois quelques libertés et que certaines allégations produit ne soient pas toujours fondées. Patrick Gonry, directeur de S&C Consultancy tire ainsi le signal d’alarme : « malheureusement il y a beaucoup de marketing et très peu de preuves scientifiques (…) bien que l’intérêt pour le microbiote cutané soit énorme, nous manquons de lignes directrices. Tout le monde fait quelque chose mais il n’y a aucune norme ».
Les autorités réglementaires dissiperont peut être ce flou dans les mois qui viennent. La Food and Drug Administration a en tout cas pris une initiative en ce sens et organisera courant septembre un atelier sur Science and Regulation of Live Microbiome-Based Products Used to Prevent, Treat, or Cure Diseases in Humans.
En attendant de nombreuses questions se posent. Les cosmétiques « bons » pour le microbiome/microbiote tiendront-ils leurs promesses ? Remporteront ils l’adhésion des consommateurs s’ils utilisent par ailleurs des ingrédients allergènes potentiels tels que les fragrances ? D’aucuns pourraient enfin s’étonner de la position ambivalente des acteurs de la cosmétique qui proposent de restaurer un microbiome que leurs shampoings, gels douche et anti-transpirants peuvent avoir contribué à déséquilibrer.
Pour aller plus loin :
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